La pauvreté odieuse du Blanc américain
« “Être” poor white trash » aux États-Unis, c’est d’abord se faire traiter de « poor white trash! », « sale Blanc ! », intérioriser cette dénomination, la vivre, dans la honte, comme un stigmate. Parce que les discours d’une époque sont inscrits au cœur du texte, la littérature nous permet plus que les sciences sociales de découvrir les métamorphoses de ce personnage de pauvre méprisable, enfant bâtard de la classe et de la race.
Par l’étude littéraire des œuvres des écrivains Sherwood Anderson, Erskine Caldwell, Harper Lee et Russell Banks, mais également de leurs arrière-plans historique et culturel, on découvre un personnage plus vraiment blanc, grossier, pouilleux, alcoolique et violent, qui incarne dans un même mouvement les bas-fonds de l’humanité et la bouffonnerie grotesque. Ce livre montre que si la pauvreté obscène et la vilénie morale du « white trash » offrent un spectacle odieux, elles sont surtout les fruits d’un discours qui permet de conjurer l’angoisse du déclin social.
Des quartiers noirs de Baltimore où le terme « po’ white trash » serait né vers 1830 au Détroit du rappeur Eminem qui revendique aujourd’hui l’épithète infamante, ce livre se propose de suivre les traces laissées dans le grand récit national par le « poor white trash » et de comprendre sa subversion profonde de l’ordre social et des interdits raciaux de l’Amérique contemporaine.
Introduction ........................... 7
PREMIÈRE PARTIE : L’INVENTION DU POOR WHITE TRASH AVEC ANDERSON ET CALDWELL
Préhistoire d’une vilénie sociale ............................................ 27
CHAPITRE I
Sherwood Anderson et l’âge d’or du pauvre blanc trash .......... 33
Hugh McVey, pauvre petit blanc du Missouri .......................... 35
Hugh, pauvre blanc, artisan malgré lui de la honte sociale .. 45
CHAPITRE II
Erskine Caldwell ou la pantomime du pauvre blanc .................... 55
De l’abjection à l’humanité ....................................... 58
White Trash Nemesis : le pauvre blanc, refl et dans l’oeil noir ................................................................... 74
DEUXIÈME PARTIE : LE PAUVRE BLANC TRASH EN PROCÈS, AUTOUR DU ROMAN DE HARPER LEE, TO KILL A MOCKINGBIRD
La damnation du sang blanc........................................... 97
CHAPITRE I
Pauvretés symboliques et sociales .................................... 101
Le sudiste comme déchu.................................................. 101
« Country Folks » ........................................................... 103
Spectre et incarnation de la « vermine blanche » ................. 110
« Pas notre genre » .......................................................... 115
CHAPITRE II
Propos orduriers et vie indigne : les Ewell ....................................... 119
Les Ewell à l’extérieur du cercle : « respectable whites only » ............ 119
Sexe, race et compagnonnage : les questions interraciales irrésolues ......................................... 130
TROISIÈME PARTIE : LE POOR WHITE TRASH PREND LA PAROLE. RUSSELL BANKS ET EMINEM
Nouveaux prolétaires et anciens white trash ................................. 161
CHAPITRE I
Russell Banks, l’odyssée du pauvre blanc affligé de Nouvelle Angleterre ............................................167
Un pauvre blanc entré en littérature ................................. 170
Qu’est devenu l’homme blanc ? Mythe et histoire d’un entrashement.............................................................. 174
L’homme white trash, en état de perpétuelle affl iction ...... 181
Chappie-Bone, Huck Finn de Nouvelle-Angleterre ............... 188
Tension entre l’ici et l’ailleurs, métissage et salut ................ 192
CHAPITRE 2
Eminem ou la voix métisse du nouveau white trash ................... 205
Eminem, stade suprême de la « vermine blanche » ............. 206
Eminem ou la figure de l’hybride ..................................... 225
Conclusion ........................................................................ 251
POSTFACE
Barack Obama face au mythe du pauvre blanc ............................. 261
Bibliographie ........................................................................... 279
Remerciements ........................................................................ 303
Index ..................................................................................... 305